Aller au contenu principal

Accueil

Roscoff

Manoir de Kerestat

Propriété privée. Aucune visite.
 

Le Manoir de Kerestat est dans la même lignée depuis plus de 200 ans. La génération actuelle est représentée par Arnaud et Aurélie Leclercq – d'Herbais. Les origines de la famille sont ancrées en Bretagne, et plus particulièrement dans le Léon et à Roscoff depuis des siècles. Plusieurs mariages avec des hommes originaires de Flandre et du Brabant, souvent grand voyageurs, ont donné un ancrage particulier à cette maison. La transmission s'est souvent faite par les femmes au fil des générations. Les quatre enfants des propriétaires sont désormais impliqués.

________________________________

Chronologie

Sur un site habité et fortifié depuis 2000 ans, les bâtiments actuels ont connu trois interventions majeures:

____________________________________________

Aperçu historique

L’emplacement de Kerestat comme place fortifiée est évident par sa géographie et sa toponymie. On suppose qu’un oppidum se trouvait déjà sur cette hauteur dominant Roscoff car de nombreuses pièces archéologiques datant de l’époque gallo-romaine furent mises à jour sur le domaine vers 1860 puis confiées au musée de Quimper. Ce point défensif tînt également un role clé à l’époque des invasions vikings, dont les environs sont encore marqués, à l’exemple de la chapelle Notre Dame de l’île Kalot à Carantec. Le bâtiment actuel reste marqué d’une ancienne motte féodale fortifiée au haut Moyen Age (vers l’an mil), antérieure à la construction du manoir, laquelle est estimée aux alentours du XVème et du XVIème siècle.

Le nom d’origine de «Kerestat» est incertain mais pourrait signifier en breton la «Maison fortifiée (ou forteresse) de la route étroite (straed)». Une autre origine tout aussi vraisemblable serait «Ker es Taot» ou «la maison au dessus de l’eau» en une langue bretonne parlée, laquelle était très proche de celle de Cornouaille outre-Manche. Selon la tradition, la mer arrivait quasiment jusqu’à la fontaine de Peunfeunten, aujourd’hui encore faisant partie de Kerestat. Le vieux port de Roscou (Roscoff) se situa ultérieurement en contrebas.

Le blason de la famille de Kergoët est encore présent sur la casemate des remparts et dans la bibliothèque

Recu en héritage de Yves de Kerguvelen vers 1500, Jean de Kergoët ou Kergoat remania probablement le manoir en y créant le logis principal. Les archives départementales de Quimper disposent d’un aveu de propriété de Kerestat daté de 1641 au nom de son petit-fils Jérome. Le blason de la famille de Kergoët est encore présent sur la casemate sud des remparts et dans la bibliothèque actuelle à l’intérieur de la maison, l’on voit encore celui de Jérome, brisé avec celui de son épouse Renée du Dresnay. Il serait le frère cadet de Jean de Kergoët, marié à Anne de Kergelen vers 1540, lesquels ont construit le Manoir de Tronjoly (MH) à Cléder. Une étape connue de transformations importantes en termes d’aménagement est le fait de Jérome de Kergoët entre 1640 et 1660, en particulier la transformation de la tour des gardes du nord ouest en pavillon galant par une surélévation, nouvelle charpente et boiseries aujourd'hui disparues peintes à la manière du château de Maillié-Carman à Plouvénez-Lochrist. La lignée des Kergoët de Kerestat s’éteindra vers 1741, puis le manoir sera transmis en dot par les filles sur plusieurs générations. La dernière propriétaire jusqu’à la révolution sera Louise Claude Barbier de Lescoët, de la famille propriétaire du château de Kerjean.

Ensuite et jusqu’en 1820 à son arrivée dans le patrimoine d’Herbais, le manoir sera utilisé par des fermiers Jacob en étable et poulaillers mais aussi et certainement grâce à eux, il ne subira pas de destruction pendant la période révolutionnaire.

Un trait commun retrouvé sur plusieurs générations est la permanence d’originaires du Nord alliés à des familles bretonnes, d’un caractère de grands voyageurs et d’un nombre élevé d’artistes. Ainsi de Francois-Xavier Joseph né à Cambrai en 1735 mort à Roscoff en 1826, vicomte d’Herbais de Thun, capitaine au régiment de la Marine. Il est en garnison à Saint Pol de Léon quand il se marie en 1767 à la roscovite Marie Jeanne Prigent de Kerebars, elle-même descendant directement de James Prigent de la Portenoire, major général des gardes-cotes (1589-1651). Un document des Archives nationales d’outre-mer confirme que Francois Xavier se trouvait à la Martinique en 1776 avec sa femme et deux enfants. Il participa en héros et fut blessé à la bataille de Sainte Lucie (1778) aux Antilles contre la Royal Navy britannique lors de la guerre d’indépendance des Etats-Unis. Francois-Xavier d'Herbais est issu de la haute aristocratie franque remontant en ligne directe à la Maison de Dammartin, dont la plus ancienne trace avérée remonte au VIIème siècle.

Son fils, Pierre Eugène, s’est lui aussi marié à une native de Roscoff: Marie Aimée Kermec’hou de Kerautem. Le couple ayant perdu à la Révolution toutes ses possessions dans le Nord et après une période d’émigration en Angleterre, la décision est prise de s’installer à Roscoff. Louis Francois, frère de Francois Xavier fut artiste peintre à succès, notamment auprès des riches propriétaires anglais ou les émigrés étaient recueillis.

La famille habitait dans son hotel en ville de Roscoff mais d’anciennes correspondances montrent qu’elle profitait de Kerestat comme villégiature, pour y effectuer des promenades et occasionnellement loger dans le «Pavillon Louis XIII». C’est à Valérie d’Herbais (1838 – 1898), née de Floÿd de Treguibé, elle-même artiste réalisant de charmants tableaux pastels, que l’on doit les travaux importants vers 1865 en installant les bâtiments dans leur configuration actuelle.

Les Floÿd de Bretagne ont pour origine Roland, noble anglais qui vint s’installer à Plougonver en 1640. Ils devinrent ensuite notamment sénéchaux de Callac.

Valérie est la mère d’Eugène d’Herbais (1864 – 1936), barde connu sous le nom de Marg’heg Arvor et chantre régionaliste réputé à son époque qui fut l’un des concepteurs des fêtes «Bleun Brug» et qui participa à l’élaboration du Goz ma Zadou, l’hymne breton.

Il est également l’auteur en 1912 des paroles en breton du Paotred Rosko (le chant de Roscoff). Dans un riche récit non daté, il évoque beaucoup de traditions locales ainsi que son départ à l’âge de cinq ans pour vivre à Kerestat qui vient de connaître des «réparations nécessaires pour le rendre habitable». Le manoir demeura ainsi sans intervention jusqu’à son héritage par Renaud d’Herbais en 1970.

_____________________________________________________

Période contemporaine

Renaud d’Herbais (1940 – 2016) et Elisabeth Faliu, ont recu cette propriété en piteux état suite à une longue indivision. Renaud, surnommé le «vicomte soixante huitard» et sa femme artiste peintre sont bien connus dans le Léon pour avoir défendu avec vigueur plusieurs pans du patrimoine breton, dont de magnifiques fresques du peintre Kerga (Charles de Kergariou, 1899-1956) qui devaient être détruites ou encore le vieux cimetière marin du Vil à Roscoff qui a failli être transformé en parking. L’engagement de ce couple fut total dans ses combats pour la défense du patrimoine et de l’environnement, et Kerestat ne fut pas le moindre.

Depuis 1996 et l'engagement du couple de propriétaires actuels, pas une année sans une réhabilitation de telle ou telle partie. La dernière et plus lourde phase de restauration complète de Kerestat a été entamée en 2015 pour s'achever en 2022. S’appuyant sur les conseils d’un architecte, au départ afin de valider un projet d’amélioration énergétique, il est apparu qu’une vision programmatique plus globale, à la fois historique et architectonique, était essentielle pour une valorisation pérenne de ce patrimoine.

___________________________

L'avenir

Le manoir de Kerestat est désormais entièrement sauvé et restauré, même s'il demeurera toujours à faire. La nouvelle génération est en place pour préparer les 200 prochaines années.